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L’essai qui va être lancé à l’IPC est porteur d’espoir pour les patients atteints de leucémie aiguë.


C’est le fruit d’un travail multidisciplinaire engageant chercheurs et médecins. L’essai qui va être lancé à l’Institut Paoli-Calmettes, est porteur d’espoir pour les patients atteints de leucémie aiguë. Cet essai de “première administration chez l’homme” est issu de la recherche menée par la biotech française Inatherys en “étroite collaboration” avec l’IPC. Développé sous le nom de INA03, ce médicament propose une nouvelle voie de traitement, jamais explorée jusqu’ici dans les cancers du sang. L’originalité de cette approche thérapeutique: un anticorps immuno-conjugué à une chimiothérapie ciblant une molécule à la surface des cellules tumorales. Nommé, il y a un mois, à la tête de l’Institut Paoli-Calmettes, le Professeur Norbert Vey en sera le principal coordonnateur. Pour cet hématologue, chef du service d’onco-hématologie, il s’agit d’un “projet majeur pour l’IPC. D’un point de vue médical car la cible de l’anticorps n’a jamais été utilisée auparavant et offre des espoirs pour les patients en phase avancée de leur maladie et sans alternative thérapeutique. D’un point de vue partenarial aussi car très peu de centres académiques ont l’opportunité de conduire eux-mêmes des essais de première administration chez l’homme.” Le choix de l’IPC est loin d’être anodin. Son expertise dans le champ des essais de phase précoce et notamment des études de premières administration “qui sont des phases très particulières” n’est plus à démontrer. Et, depuis 20 ans, la leucémie aiguë est un des éléments phares de la stratégie de recherche et de soin de Paoli-Calmettes. Sans compter sur les “relations particulières” entre Norbert Vey et le Pr Hermine co-fondateur d’Inatherys.”Il est hématologue à l’hôpital Necker à Paris, et les travaux de recherche sont à l’origine de cette découverte, confesse le Pr Vey. Mais quel est ce nouveau traitement qui pourrait révolutionner la prise en charge des leucémies aiguës qui touchent encore près de 3500 personnes chaque année en France? C’est un anticorps immuno-conjugué à la chimiothérapie qui, grâce aux avancées de la biotechnologie, a été mis au point pour ne cibler que les cellules cancéreuses et les attaquer. “Cet anticorps a la capacité de reconnaître une molécule particulière sur une cellule particulière, explique le Pr Vey. Dans cet essai, notre cible est la transférrine. Aujourd’hui, on sait que les cellules cancéreuses sont avides en fer comme l’ont montré différentes études et cette dépendance au fer crée une vulnérabilité des cellules tumorales.” Certaines équipes scientifiques imaginent désormais bloquer le trafic cellulaire du fer afin d’empêcher qu’il nourrisse les cellules cancéreuses, d’autres cherchent à utiliser cette “addiction au fer” comme porte d’entrée dans les cellules malignes. “La stratégie choisie à l’IPC est de cibler les récepteurs de transferrine sur la cellule maligne pour y amener la chimiothérapie. En absorbant le produit toxique, la cellule ciblée s’empoisonne et est détruite. En quelque sort, on détourne le système immunitaire pour lui faire faire ce que l’on veut.” Déjà, les résultats préliminaires de cette nouvelle stratégie d’immunothérapie sont encourageants. “Aucune toxicité n’a été observée jusqu’à présent, affirme-t-on. Reste à déterminer “la dose optimale qui sera utilisée lors des prochains essais cliniques”.